- Mon premier voyage au Kenya remonte à 1977 : La Communauté d’Afrique de l’Est était en train de se saborder, et j’avais pris le dernier avion des East African Airways pour Arusha en Tanzanie.
- Mon deuxième voyage, avec Nadine B. , devait juste être un transit en direction de la Tanzanie pour un reportage sur le « socialisme africain » de Julius Nyerere.Le lendemain de notre arrivée,1er aout 1982, réveil en fanfare, dans un petit hôtel de Nakuru. L’armée a pris le pouvoir, le président Arap Moi est entre ses mains, « situation is under control ». Le président s’est évadé et a repris le dessus après trois jours de massacres et de pillages dans la capitale : bilan 1800 morts au bas mot, surtout des étudiants, une répression féroce des Luo qui se réfugiaient en masse à Kisumu sur le lac Victoria. Mais c’est à l’autre bout du pays que j’ai fait la connaissance des shifta (coupeurs de route) somalis, en cherchant refuge à Garissa, chef-lieu de la province du Nord-est, où l’on n’accédait qu’en convoi militaire…Et le bimoteur Piper Navajo qui nous tira de la ville encerclée appartenait à des matrones somalies, qui siégeaient chaque jour sous un acacia au bord de la piste. L’avion transportait la drogue locale, la miraa, jusqu’en Somalie où les hommes attendaient avec leurs chameaux pour en ravitailler les campements.
- En juin 2002, j’arpentais les couloirs et les salons des grands hôtels de Nairobi, en tant que conseiller politique et juridique de la Joint Military Commission : une mission tripartite chargée de mettre en oeuvre le cessez le feu signé en janvier 202 entre gouvernement de Khartoum et SPLA dans les monts Nuba. Des séances souvent exténuantes et exaspérantes face aux représentants d’ONG activistes américaines, financées par la CIA, qui accusaient essentiellement la JMC de partialité ; une advocacy stérile et confortable, genre « Kouchner », alors que les réunions avec la direction du SPLA étaient beaucoup plus sereines. Et comme notre mission dans les monts Nouba servait de test de la bonne volonté des deux parties, et bientôt de modèle de mise oeuvre d’un règlement, j’assistais dans la petite ville tranquille de Machakos aux négociations secrètes qui allaient bientôt se déplacer à Naivasha et déboucher sur l’accord de paix global de janvier 2005. Mais ceci est une autre histoire…
- Tout cela pour dire que le Kenya, paradis de l’homme blanc, et en particulier Nairobi, est une poudrière et un coupe-gorge ; et que la question somalie, parmi tous les autres différends interethniques, n’est pas près d’être résolue. Et que les shebab ont fait preuve de beaucoup d’intelligence stratégique, en plus de compétences techniques, en choisissant Nairobi comme théâtre de leur exploit. Sans parler de la caisse de résonance qu’est ce centre névralgique de la présence néocoloniale et onusienne en Afrique. Et ceci ne vaut évidemment pas adhésion à leurs actions et à leur projet, contrairement à ce qu’a cru comprendre un commentateur mal avisé.
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