Les tribulations d'un géographe, d'un Orient à l'autre

Stand Up de l’humanitaire à l’IRIS le 11/5/17
L’Observatoire des questions humanitaires de l’IRIS, a le plaisir de vous inviter à son 12e Stand Up de l’Humanitaire : 15 minutes de présentation pour 1h15 de débat afin de réfléchir ensemble, hors des sentiers battus et rebattus, à l’avenir de l’humanitaire.
  
« LES ONG HUMANITAIRES
EN VOIE D’EXTINCTION ? »
     
Avec la participation d’Éric BERSETH, directeur de Philanthropy Advisors et Vincent TAILLANDIER, consultant indépendant, ancien directeur d’opérations à Action Contre la Faim. Le débat sera lancé et animé par Michel MAIETTA, directeur de recherche à l’IRIS.
Jeudi 11 mai 2017, 18h30-20h30
Espace de conférences de l’IRIS *
Mon point de vue :
D’un côté les humanitaires aux dents longues, qui vous  parlent de start up, de parts de marché, de nouvelles technologies, de partenariat public-privé, de fondations d’entreprises, de jeunes loups contre les vieilles barbes, de pragmatiques contre idéalistes ; ça, c’est E. Berseth, avec son Philanthropy Advisors, qui dit tout : un nom anglais pour faire dynamique et mondialisé, un concept anglo-saxon qui recycle la charité chrétienne dans le business capitaliste  ( le modèle assumé est Bill Gates, l’empereur de la pierre philosophale) ; de l’autre, dans le rôle du punching ball has been, Bénédicte Hermelin, la « patronne » de Coordination SUD, droit dans ses bottes, défendant vaille que vaille l’humanisme, le devoir de solidarité et l’aide au développement. Et au milieu, Vincent Taillandier qui prédit la fin du modèle ONG face au défi des nouvelles technologies qui vont rapprocher donateurs et récipiendaires, et qui vont fracasser le modèle vertical des ONG mastodontes. En fait, ce fut un débat politique sans le dire, où il n’y pas grand chose en commun entre les différentes visions, sinon une illusion collective, et peut-être pas si naïve, sur l’efficacité et  même l’utilité, de l’action humanitaire. Une efficacité qui reste à évaluer dans l’absolu, comme en relation coût/résultats, mais qui est évidemment marginale et ponctuelle, quand elle n’est pas négative, dans tous les cas de figure : théâtres de conflits, bien sûr, mais aussi catastrophes naturelles. Derrière la passion des agences de l’ONU et des ONG pour les chiffres, les statistiques, les courbes, il n’y a qu’une obsession : l’argent, à tout prix et sous les prétextes, dans une guerre permanente et sans merci  pour l’accès aux ressources, mais une grande pudeur sur les résultats du point de vue des « bénéficiaires »…


Soirée-débat sur l’Egypte de Sissi Toulon 28 janvier 2017

Avec projection du film d'Anna Roussillon "Je suis le peuple'"



7 ème Congrès du Fatah, Ramallah, 28-30 novembre 2016

A la télévision palestinienne

 

Ci-joint le lien vers les interventions des délégués étrangers…

https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=1307195506017107&id=132091353527534

 

 



Projection du film CLASH de Mohamed Diab au cinéma le Louxor le 8 septembre à 20h, suivi d’un débat

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La recherche dans le monde arabe : structures et perspectives
6 août, 2016, 10:10
Classé dans : Conférences

La recherche dans le monde arabe : structures et perspectives

 

Intervention prononcée lors de la réunion de la CONFREMO (Conférence des Recteurs du Moyen-Orient), Université Saint-Joseph, Beyrouth, le 14 octobre 2008.

Le rapport sur le développement humain dans le monde arabe de 2003 a pour thème central l’avènement espéré d’une « société de la connaissance ». Il met l’accent, cependant sur les déficiences du système d’enseignement et plus encore, sur les contraintes qui pèsent sur la recherche scientifique dans le monde arabe.

I – Un tableau général déficient

Problèmes budgétaires, certes, qui ne relèvent pas seulement de la pauvreté des moyens, qui est variable d’un Etat à un autre, mais surtout de la négligence des pouvoirs publics, et de l’absence de conscience, bien souvent, du lien entre recherche et développement.

Les statistiques présentées dans ce rapport et d’autres consacrées au même objet masquent mal l’insuffisance des sources et des méthodes de mesure  : la réalité est souvent bien plus sombre que ne le laissent penser les tableaux indiquant le nombre des chercheurs dans les universités de la région : elles ne prennent en compte qu’une dimension quantitative et surestiment la possibilité pour les enseignants de se consacrer à la recherche, dans les sciences humaines et sociales, et surtout dans les disciplines des sciences dites « exactes ». Même si l’on exclut des domaines privilégiés, comme la recherche nucléaire, la recherche liée à la défense et à la sécurité, la contribution du monde arabe à l’effort global consacré à la recherche est négligeable.

C’est pourquoi, malgré son caractère novateur et les références classiques à l’âge d’or des « Arabes et la science », le ton employé dans ce rapport, volontariste et idéaliste, est fort éloigné de la réalité et des perspectives que l’on peut envisager compte tenu des priorités des pouvoirs politiques en place1.

La notion même de « science arabe » est discutable, et l’on peut se demander s’il est pertinent de chercher à regrouper la situation des différents pays arabes sous une même enseigne. Cette recherche d’essentialisme sous la bannière des héritiers des califes abbassides, transmetteurs de savoir et protecteurs des philosophes et des savant, demande à être questionnée. D’où vient cette impression d’une situation en effet partagée ? Des effets délétères de la rente pétrolière ? Du poids d’une conception rétrograde de la religion de plus en plus considérée comme antinomique de la connaissance scientifique ? Ou bien du primat des préoccupations immédiates de profit et de survie de la caste dirigeante sur celles du progrès économique et social chez les dirigeants de la plupart de ces pays ?

Par ailleurs, la science est une construction universelle et transfrontières. Il serait donc peut-être intéressant de s’interroger sur les causes et les conséquences possibles d’une approche de type essentialiste.

Les conditions de la recherche

La recherche existante se concentre dans quelques pays, ceux qui en ont la taille et les moyens.
L’activité de recherche implique en effet à la fois l’existence d’une masse critique (nombre de chercheurs potentiels, moyens financiers disponibles) et un environnement favorable (une demande économique et sociale, une conscience de l’intérêt de cette démarche au niveau des pouvoirs publics et des utilisateurs privés). Elle ne peut en outre pas se faire de façon isolée et exige des interactions transdisciplinaires, donc la présence d’une large palette de disciplines connexes. Certes, mais la recherche peut aujourd’hui être décloisonnée et décentralisée, grâce aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, ce qui peut permettre des gains de temps et d’échelle, donc la mise en place de structures de recherche dans un délai rapide, en sautant des étapes (cas du Golfe, où l’on acquiert et transplante un appareil de recherche clefs en mains, dans des « Cities » spécialisées, comprenant main d’œuvre et outillages).

La recherche participe donc d’un effort global et cohérent de croissance et de développement. Cet effort implique une volonté et des capacités : la croissance est ainsi à la fois le moteur et le résultat de la recherche pour le développement, car celle-ci exige des fonds importants, mobilisés pour un effort continu dans le temps et multiforme dans ses composantes.

Certains indicateurs sont utilisés pour mesurer l’effort de recherche : le pourcentage dévolu à la recherche-développement dans les budgets nationaux, et le classement des universités, par exemple. Les uns et les autres doivent être maniés avec prudence, et méritent d’être précisés dans leurs définitions et leurs méthodes de mise au point.

II – La recherche scientifique au Moyen-Orient arabe

Sa diversité reflète celle des pays concernés, puisqu’elle ne se décline que dans les cadres nationaux, et qu’il n’y a pas d’effet de synergie, ni de coopération internationales, en dépit de la langue et de la civilisation en partage. Des pays voisins ou proches sont dans des situations très différentes : que l’on songe seulement à une comparaison entre le Yémen et les Emirats Arabes Unis… En dépit d’une histoire séculaire d’intérêt pour la recherche scientifique, ses acquis, à l’heure actuelle, ne remontent guère au-delà de la découverte du pétrole.

On peut esquisser une comparaison, en termes d’évolution historique : comme en matière de démographie, on pourrait parler de transition scientifique, en ce qui concerne l’état d’avancement de celle-ci en termes de moyens disponibles, d’orientations, et de structuration.

L’exode des cerveaux est une caractéristique majeure, structurelle, de la recherche dans le monde arabe. Elle occasionne parfois de brillantes réussites dans les pays d’accueil, au premier rang desquels les Etats-Unis. Cet exode n’est malheureusement pas seulement le fait du manque de moyens matériels pour assurer conditions de travail et vie décente aux chercheurs, ni même la masse critique en termes d’environnement universitaire évoqué plus haut. Comme le rappelle le roman « Chicago » d’Alaa el-Aswani, la recherche, comme toutes les activités humaines et sociales qui tentent d’échapper à l’empire du pouvoir, est suspecte. Par définition, pourrait-on dire, elle menace l’ordre établi, un ordre des choses, qui ne vise qu’à reproduire l’existant.

Or, pour être fructueuse, la recherche est une confrontation, un débat d’idées, une observation critique du réel, génératrice de questionnements plus ou moins maîtrisés. La notion même d’université est également à mettre sur la sellette à ce point de vue : dans les pays « latins », les universités, quoique rebelles, ont été intégrées dans la Cité, comme un ferment pour la société, mais aussi le lieu d’apprentissage citoyen, passant éventuellement par la rébellion, pour les futures élites d’un pays. Le modèle anglo-saxon a privilégié les universités campus, séparés de la vie urbaine et sociale. Formation in vitro contre formation in vivo… le monde arabe dispose d’universités anciennes au cœur de la ville et de la vie sociale ; mais il adopte la tendance dominante à la création de campus spécialisés, hors les murs, qui garantissent le pouvoir contre la subversion, mais stérilisent en même temps la créativité, le dialogue, l’interaction entre vie sociale et monde estudiantin. C’est oublier un rôle peut être essentiel des universités dans la formation des citoyens ; sur le plan de la recherche, l’exemple de la Silicon valley, initialement refuge de hippies géniaux en quête d’un nouveau modèle de vie en communauté, devenus inventeurs de la Toile qui a bouleversé la vie de l’humanité en tentant leur idéal altruiste et désintéressé, devrait donner à méditer. Donc les clones de cette Silicon valley, dans le monde arabe comme l’Internet City de Dubaï, oublient trop vite que ce n’est pas la technologie ou la finance qui sont le gage d’avancées scientifiques et technologiques, mais la liberté de création et de pensée, l’interaction entre individus et groupes sociaux.

La recherche est par ailleurs la rencontre d’une demande sociale : il faut avoir conscience et envie de progresser pour s’y engager, il faut avoir conscience de besoins à satisfaire, et éventuellement de gains financiers possibles. Il faut aussi avoir atteint un certain niveau de développement, celui où toute la société est consciente de l’enjeu, et désireuse de se doter d’un niveau d’éducation suffisant pour qu’en émerge un nombre significatif de chercheurs : ceux-ci n’émanent plus en général de l’élite, aujourd’hui que la recherche est une œuvre collective, et non pas un passe-temps d’oisifs privilégiés, mais des classes moyennes.

La recherche se décline en :

  • une recherche universitaire, pratiquement dépourvue de moyens, et où les enseignants mal payés ne sont pas motivés à mener de plus une activité de recherche réelle ;

  • une recherche « privatisée » dans des bureaux d’études privés, souvent fondés par des universitaires, qui vivent de commandes publiques ou de réponses à des appels d’offres internationaux ;

  • des centres étrangers, qui assurent une activité de formation de jeunes chercheurs et de recherche en coopération pour le développement, mais dont certains sont l’héritage d’époques antérieures, tels les centres de recherche archéologique, et préexistaient aux structures nationales mises en place depuis les indépendances.

Quelles sont donc les perspectives pour la recherche au Moyen-Orient, à moyen terme ?

  • On peut imaginer que, par le biais de la volonté de développement, ou par mimétisme avec l’Occident, s’opère une prise de conscience de l’intérêt de la recherche. Mais il ne faut pas mésestimer, à l’inverse, un mouvement d’opinion puissant qui considère avec suspicion la recherche, et toute innovation, et pour qui le Livre sacré répond par avance à toutes les préoccupations d’ordre scientifique.

Les ressources humaines aujourd’hui perdues après leur formation initiale, et qui s’expatrient pour mener leurs travaux, pourraient être incitées à revenir, si les moyens leur en étaient donnés et si la recherche régionale était articulée et s’intégrait dans le grand courant de la recherche mondiale. Ce qui implique que soit repris, sans frilosité et avec ampleur, l’œuvre de traduction de la pensée universelle en direction de l’arabe, et que, en amont, les pouvoirs publics trouvent un intérêt non seulement à ouvrir l’accès à l’éducation (en voie de dégradation rapide partout) à l’ensemble de la jeunesse, mais aussi à assurer un enseignement non pas scholastique, mais soucieux d’éveil de l’enfant et de la jeunesse à la pensée critique et aux préoccupations scientifiques. N’oublions pas que la recherche est un facteur important d‘ouverture d’esprit, et qu’elle offre aussi le champ d’un combat politique entre forces rétrogrades et pensée rationnelle d’inspiration laïque.

On pourrait envisager la création de pôles de recherche spécialisés, articulés sur les grands centres de la recherche mondiale, pour éviter compétitions stériles et saupoudrage. La recherche ne peut se concevoir que dans l’échange et le débat, et c’est pour cela qu’il est indispensable que des ponts soient maintenus et renforcés entre les chercheurs du Moyen-Orient et ceux des autres aires culturelles. A ce titre, il est préoccupant de constater combien la politique aveuglément restrictive de visas des pays occidentaux est préjudiciable à l’objectif recherché, puisqu’elle empêche la poursuite de ces échanges, et compromet pour l’avenir la meilleure compréhension entre les civilisations concernées.

III – La recherche et la francophonie

La francophonie est un atout pour la recherche dans la région. Mais il ne faut pas se tromper de cible. La recherche au Moyen-Orient souhaite échapper à la dépendance et au face-à-face exclusif qu’elle conteste souvent, avec l’univers anglo-saxon, sans trop savoir comment lui doit échapper. Cette contestation n’est cependant pas exempte d’ambigüités, et ressemble en cela beaucoup à celle de la recherche francophone à l’échelle mondiale.

Il est important reconnaître une évidence : celle que la langue anglaise domine de façon quasi-exclusive le champ de la recherche, à l’exception notable de quelques domaines où l’héritage prime sur l’innovation, comme c’est le cas pour l’archéologie, où la langue française conserve une part importante. La langue anglaise, et en particulier les colloques, les publications dans cette langue, assurent la validation universelle des travaux. On pourrait nuancer en disant que cette évolution vers le « tout anglais » n’est pas aboutie : elle est plus avancée dans les domaines les moins fragmentés, où les chercheurs de tous les pays sont immédiatement confrontés les uns aux autres dans une compétition constante, et aux enjeux financiers importants. Les langues régionales, dont le français, gardent une représentation dans les disciplines plus fragmentées, moins livrées à la compétition internationale, parce que moins chargées d’enjeux financiers. On reconnaît là, mais pas de façon absolue, le clivage entre sciences dites improprement « exactes » et « molles » ;

Au final, on n’échappe pas à cette suprématie de l’anglais qui assure seul la reconnaissance universelle et la validation des travaux scientifiques, par l’émulation décloisonnée qu’il permet.

D’un autre côté, la recherche au Moyen-Orient est confrontée à la question de la place de la langue arabe. Malgré les progrès réalisés, les traductions sont encore insuffisantes pour accès à l’univers de la science dans cette langue. Il importe donc à la fois de traduire vers l’arabe, et aussi depuis l’arabe vers les autres langues de communication scientifique.

La place du français se situe donc dans la région entre ces deux exigences de l’anglais et de l’arabe. Son usage se présente comme une alternative, non pas seulement linguistique, mais de mode de pensée : la francophonie est un enrichissement en permettant la comparaison, le va-et-vient entre cultures, entre démarches cognitives, y compris pour les anglophones, d’ailleurs.

Le français se présente aussi comme un lien entre les niveaux national et international, puisque son statut participe des deux. C’est donc un lien horizontal entre les deux rives de la Méditerranée, entre une Afrique et une Amérique, et c’est lien entre les langues locales ou nationales et la langue de communication planétaire qu’est l’anglais. Et cela reste une langue scientifique en mesure d’embrasser l’ensemble des disciplines et de porter les progrès de la recherche, même si personne ne nie qu’elle apporte sa contribution aux côtés de ce véhicule indispensable qu’est la langue anglaise.

Marc Lavergne,

Directeur de recherche au CNRS

Directeur du CEDEJ (Le Caire/Khartoum)

16/3/09

1 Voir à ce sujet Marc Lavergne : « The 2003 Arab Human Development Report : a Critical Approach », Arab Studies Quarterly, vol. 26, n°2, numéro special “The Arab Human Development Report Revisited”, printemps 2004, pages 21 à 34 ;

 



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