« Du Soudan au Yémen, ce que nous dit la recomposition politique en cours de la mer Rouge au golfe d’Aden », un article de Marc Lavergne dans le Figaro Vox, 11 septembre 2019
13 septembre, 2019, 12:04
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http://www.lefigaro.fr/vox/monde/du-soudan-au-yemen-ce-que-nous-dit-la-recomposition-politique-en-cours-en-afrique-20190911
Sélection d’interventions media en 2019
1 février, 2019, 01:27
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Journal du dimanche : Au Soudan, les femmes en tête de cortège
https://mail.google.com/mail/u/0/#sent/KtbxLzflgVJXtJkshBvqkrWfSzkNWfJmSq?projector=1&messagePartId=0.1
18/02/2019 : https://www.liberation.fr/planete/2019/02/18/turquie-vers-l-afrique-et-au-dela_1710136
31/01/2019 : RFI Soudan http://www.rfi.fr/emission/20190131-soudan-avoir-tentative-sauver-regime-ecartant-president
23/01/2019 : KTO Yémen http://backend.ktotv.com/video/00254793/ymen-terrain-de-guerre-des-puissances-rgional
21/01/2019 Quotidien La Croix https://www.la-croix.com/Monde/Afrique/Le-mouvement-contestation-faiblit-pas-Soudan-2019-01-21-1200996869
11/01/19 : Le Monde Afrique https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/01/11/soudan-omar-al-bachir-s-accroche-au-pouvoir-car-c-est-son-assurance-vie_5407667_3212.html
Un choix d’interventions média en 2018 :
5 septembre, 2018, 00:05
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14 octobre 2018 : https://www.france24.com/fr/20181014-erythree-ethiopie-reconciliation-paix-nouvel-exode-refugies-camp-frontieres
4 octobre 2018 : RFI, émission Décryptage, Soudan du Sud : la guerre la plus meurtrière du monde ; http://www.rfi.fr/emission/20181004-soudan-sud-guerre-cours-plus-meurtriere-monde
20 septembre 2018 : France -Culture, émission Enjeux internationaux, Soudan du Sud : la paix en vue ?
https://www.franceculture.fr/emissions/les-enjeux-internationaux/soudan-du-sud-nouvel-accord-de-paix-signe-sous-la-pression
12 aout 2018, RFI, émission Géopolitique par Chantal Lorho, avec Hala Kodmani et nabil Ennasri : Un an après l’accession au pouvoir de Mohamed ben Salman en Arabie Saoudite :
www.rfi.fr/emission/20180812-arabie-saoudite-bilan-salman-qatar-canada-hariri-femmes
Juillet 2018 : Africa n°1, émission Le grand débat, avec Mohamed Nagi et Michel Raimbaud, sur les perspectives de paix au Soudan du Sud
Juillet 2018 : TV 5 Monde, émission Info Afrique : https://information.tv5monde.com/afrique/l-erythree-beaucoup-gagner-d-un-rapprochement-avec-l-ethiopie-247629
12 mai 2018 : RFI, invité Afrique :http://www.rfi.fr/emission/20180512-soudan-sud-situation-humanitaire-est-catastrophique
6 avril 2018 : Emission Africa, sur RFI en langue anglaise : New port projects in Red Sea corridor for Sudan, Somaliland as Arab backers jostle for position :
http://en.rfi.fr/africa/20180406-new-port-projects-red-sea-corridor-sudan-somaliland-arab-backers-jostle-position
7 février2018 : France Culture, émission Culture Monde : Les monarchies modernes : De Qabous à Ibn Salmane, les défi de la succession
https://www.franceculture.fr/emissions/cultures-monde/culturesmonde-du-mercredi-07-fevrier-2018
20 janvier 2018 : RFI, Invité Afrique : Le Soudan manque de ressources »
http://www.rfi.fr/emission/20180120-marc-lavergne-soudan-manque-ressources
La mer Rouge peut-elle s’embraser ?
31 août, 2018, 10:52
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Un article de Marc Lavergne paru dans le Grand Dossier n°46 de la revue Diplomatie ( août-septembre 2018) , consacré aux « Mers et océans. géopolitique et géostratégie » :
Sommaire : https://mail.google.com/mail/u/0/#search/mer+Rouge/FMfcgxvxBjfPffgFzccFgmqzgkWfqBzk? projector=1&messagePartId=0.2
Article : https://mail.google.com/mail/u/0/#search/mer+Rouge/FMfcgxvxBjfPffgFzccFgmqzgkWfqBzk?projector=1&messagePartId=0.1
Grandes manoeuvres autour de la mer Rouge
23 mai, 2018, 17:23
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« Les Kurdes : un peuple médite sur son destin », plus de quarante ans après…
Je rentrais d’une escapade au Kurdistan d’Irak, dans le maquis du PDK de Mollah Moustafa Barzani. J’étais encore novice dans la région, n’ayant guère connu que le Yémen et la Syrie où j’achevais un mémoire de géographie chez les montagnards du Haut-Qalamoun. Et j’étais élève à Sciences Po, ce qui n’apportait (déjà ?) aucune garantie de compétence pour comprendre la marche du monde…Avec Francis Grégoire un copain d’enfance de mon village, on était donc partis comme des grands crapahuter dans les montagnes enneigées du Zagros, en passant par Téhéran – et par l’inévitable Savak.
Au cours des longues soirées de discussions sous la tente avec les camarades du Comité Central, autour d’un poêle à mazout fumant, j’avais compris que les Kurdes ne revendiquaient pas l’indépendance, et que les liens qui les rattachaient à l’Irak étaient bien plus profonds et anciens qu’on ne voulait le croire en Occident. Mais que même les droits politiques minimes qu’ils revendiquaient ne pouvaient être reconnus dans le cadre de la dictature installée à Bagdad. Il me restait encore à éprouver le cynisme des Grandes Puissances : la CIA et le Mossad soutenaient à bout de bras la rébellion, qui s’inscrivait dans le cadre de la Guerre froide, mais les Etats-Unis et Israël avaient décidé d’arrêter les frais.
Le 6 mars, le Chah d’Iran et Saddam Hussein, vice-président de la République baassiste, signaient l’accord d’Alger, qui échangeait les Kurdes contre le Chatt el Arab. Piétinant dans la tempête de neige, l’exode commençait pour la population et les peshmergas, en direction d’Oshnovieh, sur la frontière iranienne. Les combattants déposaient leurs armes devant les agents iraniens, et un hélicoptère emmenait Musapha Barzani et ses deux fils, Idriss et Massoud, vers un exil incertain.
De retour à Téhéran, j’écrivis plusieurs papiers pour payer nos billets pour la France. Je ne les avais jamais lus, appelé par d’autres horizons et ne sachant même pas s’ils avaient été publiés. Puis la révolution islamique étant passée par là. Mais un ami les a retrouvés récemment à la Bibliothèque nationale à Téhéran.
Il ne s’agit pas tant de l’émotion ou de la lamentation de rigueur lorsque l’on évoque le destin des Kurdes, mais, sans aucune nostalgie, du déclin historique et inéluctable de l’intelligence et de la puissance de l’Occident face à la marche du monde. J’étais certes encore un peu naïf, mais dans Le Monde, Jean Gueyras, plus chevronné et lucide, s’interrogeait pour savoir si les Kurdes n’avaient pas lâché « la proie pour l’ombre », en refusant l’autonomie culturelle que leur proposait Saddam Hussein…De Halabja à Afrine, le pire était encore (et est toujours) à venir…
Jeu d’échecs sur la mer Rouge
28 mars, 2018, 10:10
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Marc Lavergne ce mercredi 28 mars sur RFI en anglais : Le Qatar et le Soudan montent en gamme dans leur vieille alliance contre l’Arabie Saoudite, qui devient un ménage à trois avec la Turquie, autour de la cité portuaire historique de Suakin.
Il s’agissait naguère de prendre en tenailles l’Arabie saoudite, à l’époque (1992) où Ben Laden avait installé Al-Qaida à Tokar, dans le delta du Gash, et où Al-Jézira lançait sa révolution médiatique (1996) contre la forteresse saoudienne. En 2006 encore, lorsque j’intervenais à l’ONU au nom du groupe d’experts du Conseil de sécurité pour le Darfour, c’est le délégué du Qatar, à l’époque membre non-permanent, qui défendait avec virulence – et compétence – le dossier soudanais, dont les diplomates l’attendaient à la porte.
On rejoue donc la partie, avec la concession de Suakin à la Turquie et au Qatar. Mais la donne a changé : la mer Rouge devient un enjeu régional et global, avec d’abord les projets de Sissi sur le canal de Suez, puis de l’Arabie saoudite avec le projet Vision 2030 au Nord, et en dernière date le projet égypto-saoudien à l’entrée du golfe d’Aqaba, qui intègre Israël et la Jordanie dans une alliance contre toutes les « forces du mal » : le Hamas le Hezbollah et l’Iran et leurs supporters susnommés.
Pour le Qatar, il s’agit de rendre la monnaie de sa pièce à l’Arabie et à ses alliés en développant une stratégie offensive, aux portes de La Mecque qui plus est; pour la Turquie, de chausser les bottes de l’empire ottoman de la mer Rouge à l’océan Indien et jusqu’en Afrique du Sud, comme l’avait fait avec succès le mouvement de Fethullah Gülen. Rappelons que le port oublié de Suakin sous contrôle ottoman fut pendant des siècles et jusqu’à la fondation de Port-Soudan par les Britanniques en 1905, le port d’embarquement des pèlerins de toute l’Afrique sahélienne vers Jeddah, et que l’idée qu’il puisse devenir une porte d’entrée de la Turquie sur le continent africain a une certaine résonance de part et d’autre.
Le Yémen garde sa place, confuse, dans ces stratégies, car personne ne sait comment se dénouera l’écheveau…Mais le soutien opportuniste du Soudan à l’ alliance saoudo-émirienne paraît comme ce qu’il était : de la poudre aux yeux, un appeasement nécessaire mais temporaire. Quant à la relation égypto-soudanaise, elle devient carrément exécrable.
La France et ceux qui, comme elle, ont cru pouvoir ménager la chèvre et le chou, Arabie, Emirats et Qatar d’un côté, Egypte et Soudan de l’autre, selon la bonne vieille formule que toutes les dictatures sont bonnes à prendre, et en tous cas meilleures que les démocraties, pour le business et les ventes d’armes, risquent de se trouver « embarrassées ». Tant pis pour elles, de toutes façons elles ne pèsent plus dans ce « Grand jeu » qui leur échappe.
https://www.dailysabah.com/africa/2018/03/26/sudan-qatar-ink-4-billion-deal-to-develop-suakin-seaportMarc
« Le prince héritier saoudien en mission séduction aux États-Unis », par Anaïs Brosseau, La Croix, 19 mars 2018
avec l’analyse de Marc Lavergne :
https://www.la-croix.com/Monde/Moyen-Orient/Le-prince-heritier-saoudien-mission-seduction-Etats-Unis-2018-03-19-1200922091?from_univers=Lacroix
RFI Appels sur l’actualité Partenariat Egypte/Arabie Saoudite
20 mars, 2018, 12:43
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Réponse à la question d’un auditeur de Côte d’Ivoire le 9 mars 2018
Visite du prince Mohamed bin Salman au Caire et engagement sur l’intégration régionale autour de projets de développement
Délicat d’aborder ces sujets sur une chaîne publique française à diffusion internationale : l’Arabie Saoudite et l’Egypte sont nos deux principaux « partenaires » comme on dit pudiquement, dans la région, c’est-à-dire nos plus gros clients, et donc au sens propre, nos « donneurs d’ordres ».
Les mirages d’une mondialisation « hors sol »
De quoi s’agit-il ? D’un nouveau volet du projet « Vision 2030″ de MBS : la « mise en valeur » du littoral saoudien au nord de la mer Rouge, une région désertique et excentrée que j’avais parcourue en 1981 dans le cadre d’une mission du ministère saoudien de l’agriculture et des eaux, pour la modique somme de 500 milliards de dollars.
Concrètement, ce projet NEOM, qui n’a été précédé d’aucune étude sérieuse de faisabilité, ni technique, ni économique ou financière, vise à dégager un nouvel horizon pour l’Arabie Saoudite, pour tenter de sortir sans trop de casse de l’ère du tout-pétrole. Ce projet mirifique, à dominante touristique, prévoit une extra-territorialité attractive pour les investisseurs industriels et technologiques : il s’agit d’attirer des financements internationaux qui donneront ainsi une assurance-vie à l’Arabie, et plus spécifiquement à la famille régnante.
Pour étoffer le projet et le rendre plus crédible (le délai de 12 ans jusqu’à sa mise en route est si illusoire qu’on s’étonne qu’aucun commentateur ne l ‘ait relevé), MBS se rend dans l’ Egypte de Sissi, elle aussi toujours en quête de chimères pour sortir du marasme. Non pas pour trouver des fonds, bien sûr, puisque l’Arabie est le banquier de l’Egypte, client insolvable, mais pour le coupler avec un micro-projet égyptien du même ordre. Depuis Sadate, les gouvernements égyptiens ont abandonné l’idée de développé leur pays à partir de la vallée et du delta, où se trouve la population, les campagnes et les villes engorgées et ingérables.
En quête de « nouvelles frontières »
Les déserts et les côtes sont désormais les « nouvelles frontières » d’une Egypte retournée comme un gant. Moubarak s’était installé à demeure à Charm el Cheikh, au Sinaï, après en avoir chassé la population bédouine, et en avait fait sa capitale diplomatique.
Aujourd’hui, après avoir donné à l’Arabie deux îles qui verrouillent l’entrée du golfe d’Aqaba, Tiran et Sanafir, en dépit d’un baroud d’honneur de la Cour Suprême égyptienne et l’offuscation des Egyptiens, Sissi sort de sa casquette la création d’un fonds d’investissement de 10 milliards de dollars, destiné à financer un projet de développement sur un périmètre de 1000 km2 face à la rive saoudienne du détroit de Tiran. Il s’agit de créer une zone franche internationale destinée à accueillir les paquebots de croisière, et toutes les nouvelles lunes de la nouvelle économie : énergies renouvelables, écotourisme, biotechnologies, lors d’une première phase à démarrer début 2019 pour une entrée en activité en 2022. Pour cocher toutes les cases, on y a joint la protection des coraux, mais aussi, pour rester sérieux et crédible, la construction de cinq palais.
Derrière ces fadaises, qui font suite au « doublement » du canal de Suez, inauguré naguère en présence du président français François Hollande, ou à la mise en valeur agricole annoncée de 700 000 feddan (environ 300 000 ha) de désert dans la dépression de Farafra, projets mirifiques dont on n’entend plus parler, il y a un vrai projet géostratégique.
La « Sainte Alliance «
Tous contre l’Iran
Derrière ces projets se profile en effet la nouvelle alliance qui vise à dessiner la nouvelle carte du Moyen-Orient : avec Israël et la Jordanie, ces quatre pays forment le socle de la résistance à l’avancée iranienne dans la région. L’alliance entre Israël et l’Egypte est déjà depuis longtemps – avec l’intermède de la présidence Morsi – le pilier de la survie de l’Egypte, sous la houlette américaine, qui entretient financièrement les deux armées. Et la Jordanie est gérée directement depuis Tel Aviv et Washington. L’élément nouveau est l’engagement ouvert de l’Arabie Saoudite aux côtés d’Israel dans le « containment » et la déstabilisation de l’Iran.
Ces projets de développement sont certes le fait de dirigeants ineptes en ce qu’ils s’illusionnent (ou pas ?) sur les capacités de leurs pays et ignorent les attentes de leur population ; mais ils sont assez cohérents avec ce manque d’intérêt en ce qu’ils misent sur un redressement économique sans effort et sans réformes structurelles du fonctionnement de l’Etat et de la société : « tout changer pour que rien ne change ».
Kill Dubai !
J’y vois également, avec la localisation de ce projet à l’entrée du canal de Suez, à un emplacement privilégié sur une artère vitale du commerce internationale, l’intention de marginaliser Dubaï en la concurrençant sur son terrain. Dubai a jusqu’à présent mené la course en tête de la mondialisation économique. mais elle est située sur une mer fermée. Par ailleurs, son succès attise jalousie et rancœur, car elle a le défaut d’être attractive par sa permissivité contrôlée, d’offrir un modèle de réussite, de faire contrepoids à Abou Dhabi et surtout d’être le poumon de l’Iran.
Derrière la Sainte Alliance contre l’Iran, on perçoit donc toutes les implications de ces projets que le prince MBS concocte avec les stratèges de Trump et de Netanyahu : « règlement » de la question palestinienne par l’élimination du Hamas et des Frères Musulmans partout où ils constituent une menace, imposition d’un protectorat sur le Qatar et le Yémen, comme c’est le cas du Bahrein…
Reste la Chine et ses nouvelles « routes de la soie » : elle reste discrète mais peut être intéressée à jouer les « pousse au crime » en prêtant les fonds nécessaires, en tablant sur leur échec pour récupérer sa mise sous forme de cessions et de concessions de toutes sortes, à commencer par le pétrole et ses infrastructures : un remake de la dette ottomane, qui permit aux puissances européennes de démanteler l’empire ottoman à la fin du XIXème siècle. L’Arabie Saoudite a déjà décidé de céder 5 % de l’Aramco pour entamer le financement de ses projets…
RFI Appels sur l’actualité
Deux réponses de Marc Lavergne à des auditeurs de Côte d’ivoire ces jours-ci :
28 février : Egypte/Ethiopie : le barrage de la colère : en bref, l’Egypte ne peut pas s’opposer à la construction de ce barrage, déjà bien entamée, et ne peut qu’espérer obtenir un étalement de la mise en eau de quelques années. Mais ce barrage ne réduira pas son alimentation en eau, puisque l’objectif premier sera la production hydroélectrique. A plus long terme, mais personne ne l’évoque à voix haute, il est certain que l’Ethiopie se servira de ce barrage pour développer des projets hydro agricoles sur les basses terres frontalières du Soudan. En avril 2010, j’avais rendu visite aux ingénieurs éthiopiens, soudanais et égyptiens qui travaillaient ensemble sur les projets d’aménagement du Nil Bleu dans leurs bureaux d’Addis Abeba, alors que la tension montait déjà à la perspective de la construction de ce barrage dit à l’époque du Millénaire.
Il n’y a cependant aucun risque de voir les tensions déboucher sur un conflit armé : les deux pays n’ont pas de frontière commune, l’Egypte ne manque pas d’eau, elle a plutôt un excédent depuis la construction du haut barrage d’Assouan, et elle en gaspille la plus grande partie, en usages urbains, en surirrigation et en tentatives de colonisation de terres désertiques. Mais la population égyptienne est aujourd’hui en majorité urbaine, l’extension des surfaces urbanisées réduit la surface agricole disponible, et gêne le fonctionnement des systèmes d’irrigation et de drainage. L’Egypte survit grâce à quatre rentes : le tourisme, les envois des émigrés, les hydrocarbures et le canal de Suez. Ces rentes ont en baisse tendancielle, car mal gérées ou victimes de l’incurie et de l’incompétence des gouvernements successifs ; donc l’Egypte vit de la charité internationale, motivée par la crainte de la voir basculer dans le chaos.
Le conflit avec l’Ethiopie provient donc bien plus d’un sentiment égyptien d’humiliation face au changement de rapport de force avec ses voisins d’amont, qui s’inscrit dans un sentiment plus général d’impuissance et de déclin. Sentiment de frustration face à la montée en puissance économique de l’Ethiopie, crainte de voir celle-ci la concurrencer dans le cœur des Américains, bien installés désormais à Djibouti, comme gardienne de la région ? Crainte de voir celle-ci s’allier avec le Soudan hostile et de voir un front africain des riverains du Nil contrarier ses rêves d’hégémonie ? Il est loin le temps où le pape copte d’Alexandrie nommait, jusqu’aux années 70, l’abuna et le haut clergé éthiopien…L’Egypte espère désormais son salut de l’alliance stratégique avec Israël et avec les monarchies du Golfe contre l’Iran, dans laquelle elle joue les utilités en entretenant l’illusion d’une armée puissante. Cela transparaît même dans l’aménagement de son territoire, où la vallée au sud du Caire est abandonnée à elle-même, à l’exception de quelques sites touristiques, tandis que tous les projets de développement sont centrés sur les rivages désertiques et le canal de Suez.